• De l'anthropologie structurale au monisme

     

     PHYSIQUE DES ONDES

     ESSAI D'UNE NOUVELLE PHYSIQUE

     RUBRIQUE N° 18 De l'anthropologie structurale au monisme

     Par Paul Bouchard Le 10/02/2017

    1) INTRODUCTION

    Cette rubrique constitue la suite de l'historique exposé dans la rubrique N°17. Nous avons arrêté cet historique en 1975 avec l'édition du livre de E.O.Wilson '' Sociobiologie la nouvelle synthèse''. En effet cet ouvrage marque une date, de par le fait qu'il se veut une synthèse entre ''le bio et le socio''. Son contenu est discutable, il a même été violemment contesté. Mais il a constitué une prise de conscience par les scientifiques et les intellectuels de l'existence des relations de structure entre la biologie et les sociétés formées par les êtres vivants. On peut considérer cette prise de conscience aussi importante que celle produite par ''l'Origine des espèces'' de Darwin un siècle avant.

    Dans cette rubrique N°18 nous poursuivons l'étude des bio-structures à l'échelle humaine. Il est urgent de mesurer l'importance très actuelle que prend la structure biologique de l'homme (son cerveau par exemple) par rapport au progrès fantastique des techniques relationnelles qu'il a réussi à mettre à la disposition de l'ensemble de la société humaine. Il l'a fait en utilisant les ondes énergétiques et, comme la matière (l'électron) est aussi constituée d'ondes de structures, la maîtrise par l'homme de ces dernières constitue un ''challenge'' redoutable dont la société n'a pas encore pris conscience. La vie sociale, l'existence de cette vie et même la survie de notre espèce humaine pourraient être mises en question. Que nous le voulions ou non, la véritable évolution de notre espèce humaine est en marche, elle se fera de l'intérieur et par un saut très rapide. L'évolution par une modification brusque des structures internes semble plus importante que celle de Darwin par la sélection naturelle. D’ailleurs les deux sont liées et les discussions partisanes entre écoles paraissent un peu désuètes.

    Cette évolution très rapide des techniques scientifiques dans tous les domaines obligent les intellectuels de tous bords à des remises en cause de leurs schémas intellectuels, et, pour les philosophes, à une ''refonte'' de leurs ''écoles''. Dans cette rubrique N°18 nous commençons par faire le point sur les écoles philosophiques qui sont en relation avec les travaux anthropologiques, puis nous étudierons les domaines de convergence entre ces écoles et la physique des ondes.

    2) DÉFINITIONS

    Nous commençons par présenter certaines définitions. L'exactitude des termes ayant une très grande importance, je n'ai pas d'autre choix que d'utiliser les données qui me sont accessibles sur le net. Les textes suivants sont donc des compilations d'extraits de différents articles de l'encyclopédie Wikipédia que je remercie très vivement pour la qualité de ses textes et leur mise à disposition. Ces définitions serviront de base à mon exposé et permettront, je l'espère, de limiter les dérives philosophiques et autres qui sont pratiquement inévitables dans ces domaines :

    Ethnologie et ethnographie. Le radical ''ethnos'' est un terme grec qui signifie : peuple, race, classe d'homme, tribu, sexe, genre, espèce, son sens général est ''population''. ''Graphie'' signifie description, l'ethnographie a donc pour objet l'étude descriptive et analytique sur le terrain des populations dans ses aspects particuliers, mœurs et coutumes par exemple.

    Le sens de la désinence ''logie'' est : doctrine, théorie, discours, traité. L'ethnologie est donc une étude plus générale de populations dont la description a déjà été faite. C'est l'étude comparative et explicative des comportements et de l'ensemble des caractères sociaux et culturels des populations. On peut définir le comportement comme la manière de se conduire et de réagir aux éléments constituant le milieu environnant, physique et social.

    L'éthologie est la science qui étudie et décrit le comportement et l'évolution des animaux (l'homme en fait partie) dans leur milieu naturel. L'écologie est la science qui étudie les conditions d'existence des êtres vivants, les interactions et relations existant entre les êtres vivants, entre eux et leur milieu (leur écosystème). La bionomie est la science qui regroupe l'étude simultanée de l'écologie et de l'éthologie. En simplifiant, c'est l'étude du mode de vie des organismes dans leur habitat naturel et celle de leur adaptation à leur milieu.

    La sociobiologie est une forme darwiniste de l'éthologie consistant primitivement à appliquer des règles évolutionnistes aux comportements des organismes. En simplifiant, on peut dire que la sociobiologie consiste en l'étude des causes biologiques du comportement social. La biosociologie est une variante de la sociobiologie qui se limite au comportement animal en excluant le règne végétal. (Dans notre blog nous parlons principalement du comportement humain).

    La génétique (donner naissance ) est la science qui étudie l'hérédité et les gènes, c'est une sous-discipline de la biologie. La branche mendélienne, s'intéresse à la transmission des caractères héréditaires entre des géniteurs et leur descendance. La génomique étudie la structure, la composition et l'évolution des génomes. Chez l'être humain la totalité de l'ADN organisée en chromosomes est constituée de trois milliards de paires de bases.

    L’anthropologie est la branche des sciences qui étudie l'être humain sous tous ses aspects, à la fois physiques (anatomiques, morphologiques, physiologiques, évolutifs, etc.) et culturels (socio-religieux, psychologiques, géographiques, etc.). Elle tend à définir l'humanité en faisant une synthèse des différentes sciences humaines et naturelles... Il est possible de distinguer dans le métier d'anthropologue une phase ethnographique qui observe et collecte les faits, une phase ethnologique qui les analyse, et enfin une phase anthropologique qui compare, synthétise et théorise. Mais ce découpage n'est pas applicable dans la pratique : ''toute ethnographie est déjà ethnologie, toute observation déjà interprétation ''…

     ...Un débat existe cependant entre anthropologie sociale et anthropologie culturelle, mais la différence entre les deux domaines ne serait qu'une question de point de vue. Il est cependant nécessaire de distinguer ces deux visions, l'anthropologie est alors soit sociale (école franco-britannique) soit culturelle (école américaine) selon que l'on prend la première ou la seconde comme concept central...Finalement, l'anthropologie sociale et culturelle prédomine en Europe, mais elle reste en concurrence aux États-Unis avec des approches naturalistes ( notion philosophique).

    La notion générale de structure décrit la façon dont différents éléments constituent un ensemble. Un ensemble est un système organisé dont les éléments sont dépendants et solidaires entre eux. C'est l'organisation des éléments d'un système qui lui donne sa cohérence, sa forme et sa rigidité.

    La systémique est une méthode d'étude ou façon de penser les objets complexes qui privilégie une approche globale (holiste). Elle permet d'étudier la pluralité des perspectives selon différentes dimensions ou à différents niveaux d'organisation, et surtout elle permet la prise en compte des relations et interactions entre composants....Apparue progressivement au milieu du 20ème siècle, la systémique s'est construite en opposition à la tradition analytique cartésienne qui tend à découper le tout en parties indépendantes et qui explique les phénomènes du monde par un enchaînement de causalités. Dans une analyse cartésienne, si un phénomène apparaît d'abord comme trop complexe, il suffit de le décomposer en plusieurs enchaînements de causalités. Alors qu'avec la théorie systémique, la démarche est totalement différente. Pour étudier un système complexe ou un phénomène que l'on ne comprend pas, on va construire un dispositif modèle ou représenter le phénomène sous l'aspect d'une ''boîte noire'', on en connaît le comportement mais non le fonctionnement. Dans la mesure où l'on peut connaître les informations entrant dans cette boîte noire et si l'on en connaît les réactions (informations sortantes), on peut en déduire une rétroaction (feed-back) informationnelle (fonction de transfert) qui va permettre progressivement de décrire le système de commande de la boîte noire.

    C'est au 19ème siècle, avec la naissance de l'industrie, que furent conceptualisées les notions de régulation d'organisation et de contrôle, essentielles au fonctionnement sans risque des machines à vapeur. Mais c'est dans les années 1950 que ces concepts qui sont à la base de la théorie systémique, se sont généralisés à de nombreuses sciences, corrélativement à l'émergence de la cybernétique, des sciences de la communication, de l’information et de l’analyse des systèmes.

    Jeune ingénieur sorti de l'école (ECL) en 1953, j'ai eu la chance de participer aux premières applications en France de la cybernétiques de Norbert Wiener et de l'informatique. J'ai notamment été chargé en 1965 de concevoir et de réaliser une organisation administrative complète pour une société à succursale multiple ( SLM) (COFRADEL) à Lyon, comprenant un des premiers ordinateurs installé (énorme machine à l'époque) et le premier lecteur de marque en France ( lecteur LEO de la société anglaise ICT).

    C'est donc ce courant de pensée centré sur les concepts de structure, d’information, de totalité, d’organisation et surtout de régulation qui est le fondement du structuralisme systémique dont nous avons parlé dans la rubrique N°4 précédente et qui a été développé dans le domaine de la psychologie par l’École de Palo Alto et dans celui de l’anthropologie par Claude Lévi-Strauss. Les idées de ce grand personnage scientifique intéressent particulièrement notre thèse qui, nous le rappelons, porte sur l'étude de la structure de la matière, et présentement sur la connaissance et l'évolution des structures socio-biologiques.

    3) ANTHROPOLOGIE STRUCTURALE

    C'est le titre d'ouvrages successifs publiés entre 1958 et 1983 par l’ethnologue Claude Lévi-Strauss. Ce personnage remarquable né en 1908 à Bruxelles et mort en 2009 à Paris, est un anthropologue et ethnologue qui a exercé une influence majeure à l'échelle internationale sur les sciences humaines et sociales. Professeur agrégé de philosophie, il a acquis des connaissances en linguistique et en mathématiques, mais ses premiers travaux ont été menés sur le terrain, chez les peuples indigènes du Brésil entre 1935 et 1939. Le premier ouvrage de Claude Lévi-Strauss ''Tristes Tropiques '' a été publié en 1955. C'est un témoignage sur ses voyages et sur son travail anthropologique qui a eu une grande influence du fait qu'il s'y trouve des réflexions, originales à l’époque, concernant différents domaines : philosophie, sociologie, géologie, musique ou littérature. C'est en plus une très belle écriture.

    Le sujet de ce livre n'est pas l'exotisme ou l'aventure d'un explorateur, mais la saisie de réalités humaines et sociales et une interrogation sur le concept de civilisation. L'ouvrage relativise l’intérêt du progrès technologique et compare sans indulgence la civilisation  occidentale  aux  cultures  et  aux  mœurs  des  peuples  dits  ''primitifs''.       << L'auteur s'attarde sur le sens du progrès et sur les ravages qu'une civilisation mécanique produit sur son environnement ainsi que sur les différentes cultures avec lesquelles elle entre en contact. >>

    A la sortie de la guerre tout était à repenser et ''Tristes tropiques'' a créé dans certains milieux un choc intellectuel entraînant une nouvelle manière de considérer les relations sociétales. Traduit en vingt-sept langues, ce best-seller devient une référence pour des générations d'apprentis ethnographes.

    La démarche d'exploration de sociétés primitives et l'ensemble du travail scientifique que Claude Lévi-Strauss a effectué, sont marqués par son cheminement intellectuel. Celui-ci est très bien mis en valeur par Patrick Juignet dans une récente publication que l'on trouve sur internet sur le site :

     http://www.philosciences.com/Pss/philosophie-et-humanite/methode-et-paradigme-des-sciences-humaines/93-la-methode-structurale-de-claude-levi-strauss .

    Je cite Patrick Juignet :

    << Lévi-Strauss, quoique peu prolixe sur ce sujet, explicite parfois certaines étapes de son cheminement intellectuel. Citons, par ordre chronologique, ses rencontres avec la géologie, la psychanalyse, la botanique, l’ethnographie, la linguistique.

    Au cours de ses promenades d’adolescent dans les Cévennes, il note que des effets de surface dans le paysage correspondent à une architectonique cachée. Par exemple, tel végétal côtoyant tel autre, signe un changement de sol sur une ligne de faille. Une architecture profonde et invisible règle les manifestations visibles et, si on la connaît, les rend intelligibles. Au-delà de la description du paysage, une explication devient possible.

    La psychanalyse, qu’il découvre par l’intermédiaire d’un ami psychiatre (le Dr Marcel Nathan), alors qu’il est en classe de philosophie, lui évoque la même chose. Même ce qui se présente sous des apparences irrationnelles, peut dissimuler une rationalité secrète. Des aspects visibles, apparemment incompréhensibles ou absurdes, sont symptomatiques d’un fonctionnement caché qui est, lui, compréhensible.

    La contemplation de fleurs des champs donnent l’idée à Claude qu’il doit y avoir des lois d’organisation qui président à leur agencement compliqué ; cette idée lui vint alors qu'il lisait un ouvrage de Marcel Granet sur la parenté chinoise qui mettait en évidence une organisation, mais trop compliquée et confuse. Derrière le complexe, Lévi-Strauss a l’intuition qu’une architecture de base plus simple doit exister. >>

    Cette analyse de la personnalité de C Lévi-Strauss explique le sens profond de l'ensemble de ses travaux qu'il a conduit scientifiquement, (ce qui est remarquable pour un professeur de philosophie). En effet, sa tournure d'esprit était plus celle d'un ethnologue que celle d'un philosophe, et son travail sur le terrain au Brésil a conforté cette tendance.

    << Contraint de s'exiler en 1941 à New York ; où il rencontre de grandes figures des sciences humaines et sociales, dont le phonologue russe Roman Jakobson, auprès de qui il s'initie aux principes de l'analyse structurale et de la linguistique moderne. À partir de cette découverte décisive qu'il choisit d'appliquer à la parenté, il élabore les principes de l'anthropologie structurale, en rupture radicale avec les courants alors dominants en ethno-anthropologie (évolutionnisme, diffusionnisme, culturalisme, fonctionnalisme) : il cherche à expliquer la société et ses manifestations comme un tout doté d'une cohérence interne auto-régulée, échappant à la conscience des individus. À son retour en France, il soutient et publie en 1949 sa thèse sur ''Les Structures élémentaires de la parenté,'' première application de sa méthode novatrice, qui lui apporte une notoriété précoce parmi les anthropologues de nombreux pays....

    ...Durant les années 1950, il enseigne en France, où il est directeur d'étude à l'Ecole pratique des hautes études. Il consolide les principes de sa méthode structurale, qu'il présente en 1958 au public sous la forme d'un recueil d'articles ''Anthropologie structurale'' (N°1) >> Wikipédia

    Dans cette publication il développe une méthodologie différente de celle qui est habituelle aux ethnographes. Il privilégie la totalité par rapport à l'individuel. Celui-ci est considéré comme indissociable de la structure globale, Il étudie la synchronicité des faits plutôt que leur évolution, ainsi que les relations qui unissent ces faits plutôt que les faits eux-mêmes. Il reconnaît « la tendance dans la nature, au travers de l'évolution créatrice, à constituer des ensembles qui sont supérieurs à la somme de leurs parties. »

    C'est donc bien cette notion de structure, désignant en architecture la manière dont est organisée une construction, que C. Lévi-Strauss a contribué à élargir progressivement aux sciences du vivant. Je constate que cette conception de la structure de la matière vivante correspond bien à celle que nous décrivons dans notre blog de physique des ondes. Dans l'introduction de notre rubrique N°4 nous avons suggéré la comparaison de cette structure à celle des poupées russes, initiale et unitaire au niveau de l'électron (onde de structure liée à l'onde énergétique), puissante (massive) dans le noyau atomique, formative au niveau bio-moléculaire, structure du vivant dans la bio-cellule, vivante dans les organites, organes, corps, êtres vivants dont les cellules dépendent pour leur existence. Il nous paraît clair que C.Lévi-Strauss n'hésite pas à remonter la ''cascade'' des structures en partant de la base du langage humain. Avec les connaissances actuelles il serait parti des langages génétiques et numériques. Wikipédia exprime ces idées dans le texte suivant :

     << Doté de cette culture scientifique générale qu’il travaille régulièrement à étendre, Lévi-Strauss est bien au fait de la notion, devenue plus tard classique en systémique, de niveau de structuration du réel : en atomes, en molécules, en cellules vivantes (ou en cristal minéral), en organes (comme le cerveau), en organismes (individus), et enfin en groupes d’individus (société humaine par exemple), comme autant de systèmes dotés de règles invariantes (« structurales ») propres à chacun, et modifiables avec des interactions entre niveaux. >>

    Intéressé dès son plus jeune age par la géologie et la botanique, devenu ethnologue après une formation de philosophe, et un travail sur le terrain au Brésil, c'est à New-York en 1941 grâce à la rencontre de Roman Jakobson, que C.Lévi-Strauss a étudié la structuration de la linguistique et de la phonologie. La phonologie est la branche de la linguistique qui étudie l'organisation des sons au sein des différentes langues naturelles. Elle est complémentaire de la phonétique, qui s'intéresse aux sons eux-mêmes (indépendamment de leur emploi).

    Inspiré par Marcel Granet et avec l'aide du mathématicien André Weil1, C. Lévi-Strauss dégage dans sa thèse de 1949 le concept de ''structure élémentaire de parenté'', basé sur la notion de groupe de Klein (mathématiques). Georges Dumézil, également linguiste et anthropologue lui fait connaître la méthode structurale, les anciennes mythologies, les sociétés et religions des peuples indo-européens.

    << Lévi-Strauss s'est inspiré en partie du modèle mathématique et géométrique de ''transformation'' essentiellement à partir des travaux en bio-mathématique de D'Arcy Thompson. Il utilise cette notion mathématique de transformation pour désigner le passage d'un phénomène collectif (un fait social à un endroit et moment donnés) à un autre, étudiés en tant que systèmes, par permutation d'éléments et/ou de relations autour de l’invariant que constitue la structure. Ce concept emprunté aux mathématiques et aux sciences naturelles est l'un des fondements de l'anthropologie structurale. Lévi-Strauss l'a appliqué principalement à l'étude des mythes. >> Suite d'extraits de Wikipédia

    4) DE LA MÉTHODE STRUCTURALE AU STRUCTURALISME

    Une vingtaine de publications de C. Lévi-Strauss (livres et articles) paraissent entre 1948 et 1985. L’anthropologie structurale N°2 est de 1973. Les études qui y sont menées semblent couvrir des domaines disparates. En fait, toutes concernent l’anthropologie vue par un scientifique utilisant un concept d'analyse dite structurale. Il vaut mieux utiliser le mot méthode plutôt que celui d'analyse qui pourrait être confondu avec l'analyse cartésienne dont nous avons parlé précédemment. Les idées exprimées dans ces textes sont difficiles à suivre si l'on est pas particulièrement intéressé par l'ethnologie. A l'époque elles ont été fort critiquées par les spécialistes, par contre les philosophes s'en sont emparés, comme le décrit Wikipédia :

     << Dans les années 1960, le structuralisme devient un courant de pensée des sciences humaines pour lequel les processus sociaux sont issus de structures fondamentales qui sont le plus souvent non conscientes. La structure vient peu à peu désigner, en biologie, la manière dont les parties d’un être concret s’organisent en une totalité douée de propriétés autonomes. Elle se rapproche en ce sens de la notion philosophique classique de déterminisme, également intégrée à cette époque dans la construction des différentes disciplines scientifiques. Lévi-Strauss va considérablement populariser le paradigme structuraliste dans sa discipline, l'ethnologie (qu'il rebaptise en France anthropologie sociale, sur le modèle anglo-saxon), et en devenir la figure tutélaire durant toute la deuxième moitié du 20ème siècle. >>

     << La culture s'entend d'abord par opposition à la nature : est naturel, ce qui se fait tout seul ; est culturel ce qui porte la trace du travail humain. Un homme à l'état de nature ne serait pas un homme, mais un animal : ainsi, le langage humain (à la différence du langage animal) n'est pas inné, mais acquis... En apprenant le langage, le petit enfant hérite en fait d'une tradition et d'un savoir qui s'est peu à peu accumulé au cours des siècles. Alors que chez l'animal tout recommence à zéro à chaque génération, avec l'homme, c'est le progrès qui devient possible. La culture est donc tout ce par quoi nous avons définitivement quitté le domaine de la nature pour entrer dans celui de la civilisation, adoptant ce mode de vie propre à l'homme qu'est la vie en communauté. >>

    ''La nature, le progrès, la culture, la civilisation'', nous constatons que nous ne pouvons pas échapper à la philosophie et aux tenants des diverses écoles qui n'ont de cesse de vouloir maîtriser les concepts scientifiques. Les sciences sont dans l'obligation de s'adapter aux réalités expérimentales. Les idéologies philosophiques, elles, sont rigides et particulières à chaque école de pensée. Chaque époque, chaque société, chaque pays possède son ou ses modes de pensée. C'est pourquoi les idéologies ''à la mode'' dans l'intelligentsia se succèdent, dérivées ou en opposition les unes avec les autres, prenant en compte ou opposées aux sciences en cours.

    5) PANORAMA SOCIO-PHILOSOPHIQUE RÉCENT

    Nous avons constaté, en effectuant l'historique de la science au 20ème siècle, une période de bouleversement théorique considérable qui en trente ans, de 1900 à 1930, a complètement modifié l'ensemble des conceptions scientifiques. Nous avons vu que, 90 ans après, le modèle standard et la physique des particules bloquent toujours les remises à jour. Mais les scientifiques sont devenus des techniciens et le progrès des sciences expérimentales, sans être fulgurant, est constant et, en final considérable, au point d'avoir modifié en profondeur la vie sociale. L'homme lui même, grâce aux nouveaux moyens de communication et aux progrès médicaux, améliore en permanence ses performances personnelles et change son mode de vie.

    J'ai bientôt 90 ans et mon père est né en 1882, il a fait les deux guerres comme officier responsable de transport de troupes et de munitions. Je peux certifier que le mode de vie actuel en France est complètement différent de celui de ''l'ancien temps''. Ceux qui ont voyagé dans le monde, j'en suis, peuvent également constater que ce n'est pas seulement les modes de vie qui ont changé avec le développement des moyens de communication. En effet, la révolution apportée par internet, modifiant les mentalités en profondeur, a provoqué des remises en question angoissantes qui perturbent toutes les sociétés, surtout celles qui sont considérées comme les plus ''primitives''.C'est là qu'il faut rechercher l'explication des événements et des inquiétantes réactions sociétales actuelles.

    Voila pourquoi tout ce qui touche à la biologie et à la sociologie, pris au sens le plus général, est intimement relié au progrès des sciences en même temps qu'aux idéologies philosophiques, politiques ou religieuses. Étudier certains sujets et réaliser les expérimentations nécessaires posent aux scientifiques des problèmes moraux qui bloquent les recherches.

    Dans tous ces domaines, il n'y a pas de sujet scientifique que l'on puisse traiter sans que l'on soit suspecté de pensées sous-jacentes. En France, on se croit protégé par un ''principe de précaution'' qui (en principe) devrait interdire toute recherche dans les domaines considérés comme potentiellement dangereux. Son résultat le plus clair est la stérilisation de nos recherches ainsi qu'une perte de crédibilité de nos chercheurs et même de la valeur de nos contrôles. Cela n’empêche nullement les scientifiques de travailler (à l'étranger), les laboratoires et les industriels d'avancer malgré les freins. Les multinationales savent contourner les blocages et les normes imposés par les associations, les intellectuels, les politiques et les églises. Les administrations et les services de contrôle se révèlent souvent impuissants, parce-que tardifs, dans la compétence en ces nouveaux domaines.

    Pour connaître l'évolution de la bio-sociologie dans les 40 dernières années, nous choisissons ci-dessous d'établir une liste des principales écoles philosophiques liées aux scientifiques ayant travaillé dans les domaines de la biologie et de la sociologie. Afin d'utiliser des définitions précises et confirmées, je copie à nouveau des extraits de Wikipédia.

    Le structuralisme a été initié, nous venons de le voir, par Claude Lévi-Strauss et sa méthode scientifique d'étude des structures anthropologiques. << Le structuralisme est devenu un champ de recherche à part entière, complexe et en évolution, avec des divergences importantes en fonction des pays et des disciplines universitaires...Il s'est organisé en France autour d'un petit nombre de personnalités-phares comme Roland Barthes en littérature, Jacques Lacan en psychanalyse, Michel Foucault et Louis Althusser en philosophie.....C'est devenu un mouvement d'idées pluridisciplinaire marquée par sa filiation positiviste, sa volonté de rupture intellectuelle, son rejet de la dimension historique et temporelle et son formalisme (la forme plutôt que  le fond). >>

    Le positivisme rejette les méthodes non expérimentales pour la description de la réalité, telles que l'introspection et l'intuition...Il veut construire une philosophie des sciences qui part des mathématiques pour aller jusqu'à la sociologie et la science politique, et une philosophie de l'histoire qui conçoit le processus historique comme une avancée vers davantage de rationalité scientifique, moins de théologie et de spéculation métaphysique sur les réalités transcendantes... Le positivisme s'en tient aux relations entre les phénomènes, et ne cherche pas à connaître leur nature intrinsèque, il met l'accent sur les lois scientifiques et refuse la notion de cause. A l'origine, le positivisme scientifique a été développé par Auguste Comte de 1830 à 1845.

    Le matérialisme est une conception philosophique qui soutient que la seule chose pouvant être considérée comme existante est la matière, que, fondamentalement, toute chose est composée de matière et que tout phénomène est le résultat d'interactions matérielles.

    Le naturalisme est la conception d'après laquelle tout ce qui existe – objets et événements – ne comporte de cause, d'explication et de fin que naturelle. Écartant toute forme de transcendance, le naturalisme conçoit l'activité philosophique dans le prolongement de l'activité scientifique. Le symbolisme est une réaction au naturalisme. Les symboles permettent d'atteindre la réalité supérieure de la sensibilité et inspirent l'imagination poétique.

    La phénoménologie dont le fondateur est Edmund Husserl (1859-1938), est un courant philosophique qui se concentre sur l'étude des phénomènes, de l’expérience vécue et sur l'analyse des structures des faits de conscience. Selon Albert Piette (né en 1960 à Namur) ''l'anthropologie existentiale'' consiste à étudier l'homme en tant qu'il "existe", qu'il perçoit que son existence est la sienne propre, et qu'il sait aussi qu'il va la perdre. La phénoménologie moderne dominée par les pensées de Husserl et de Martin Heidegger ambitionne d'aller « droit à la chose même ».

    Le fonctionnalisme apparaît avec Herbert Spencer et Émile Durkheim (1858-1917). Ce dernier est un sociologue français considéré comme l'un des fondateurs de la sociologie moderne. La fonction devient un principe explicatif. Tout organe a une fonction (comme dans le corps humain). Les organes de la société ont pour fonction d'assurer la cohésion sociale (lien social entre les individus).

    L’école fonctionnaliste, représentée par Malinowski (1884 1942) reste célèbre pour sa formulation de cette nouvelle interprétation anthropologique qui s'oppose à la fois à l'évolutionnisme et au diffusionnisme (développement de la culture par diffusion des contacts interculturels).

    Le post-structuralisme est un courant philosophique qui s'est développé dans les années 1960-1970. Un thème majeur du post-structuralisme est l'instabilité en sciences humaines due à la complexité des humains eux-mêmes et à l'impossibilité d'étudier les phénomènes ou les événements sans les dissocier de leur structure. Les auteurs les plus représentatifs de cette tendance sont Jacques Derrida et Michel Foucault. Ce courant d'idées relève de la philosophie postmoderne.

    Par l’expression « nouvelle philosophie » on désigne un courant philosophique, médiatique et éditorial apparu au milieu des années 1970, représenté par des auteurs issus pour la plupart de la gauche radicale française, en rupture de ban et engagés dans la critique du totalitarisme : André Glucksmann, Bernard-Henri Lévy, Christian Jambet, Guy Lardreau, Jean-Paul Dollé, Gilles Susong, etc., auxquels s’associent Jean-Marie Benoist et Maurice Clavel, issus d’univers différents.

    ''Contre la nouvelle philosophie'' est un livre de François Aubral et Xavier Delcourt paru en 1977 aux éditions Gallimard. Il présente une critique des philosophes précédemment indiqués. Ces deux auteurs s'attachent à analyser ce qui fait cette « nouvelle philosophie » et la vacuité de cette école de pensée, avec un humour grinçant et de nombreuses citations. Je cite Wikipédia :

    << La « nouvelle philosophie » est décrite comme un concept de « pub-philosophie », lancé dans la sphère médiatique par un Bernard-Henri Lévy souhaitant vendre des ouvrages parus dans les collections qu'il dirige chez Grasset. Les « nouveaux philosophes » sont respectivement Jean-Marie Benoist, Jean-Paul Dollé, Michel Guérin, Christian Jambet, Guy Lardreau, Françoise Lévy et Philippe Némo. Maurice Clavel est également cité comme figure tutélaire. Les auteurs s'attachent dans leur pamphlet à démontrer la vacuité de la théorie des « nouveaux philosophes ». Malgré des différences notables d'un « nouveau philosophe » à un autre, on retrouve le plus souvent, comme fil conducteur, une pensée de l'irrationnel, rejetant l'histoire et les sciences, imprégnée à la fois de christianisme et de réflexes staliniens hérités de leur passé maoïste.

    Bien que les « nouveaux philosophes » s'en défendent, François Aubral et Xavier Delcourt considèrent qu'ils s'inscrivent dans une tendance de la droite vers un archaïsme réactionnaire en prétendant toute rébellion impossible. Leur sont également reprochés une grande malhonnêteté intellectuelle, un manque de rigueur, une grande naïveté et la faible portée de leur réflexion. >> !!

    L''hypermodernité a supplanté la philosophie postmoderne. << Le nouveau vocable d'une modernité en hypertension marque la prise de conscience des échecs provisoires d'une modernité dépassée. Parmi les échecs incontestés : l'atteinte grave voire irrémédiable à la nature, à ses ressources et à la biodiversité, la négation de la connaissance subtile de l’intériorité de l’homme par des technologies oppressantes, la rupture des apprentissages sociaux par la désagrégation des rites et des liens, une accélération générale des rythmes individuels et collectifs. Dans ''Les Temps hypermodernes'' (2004), Gilles Lipovetsky estime que la dissolution des structures propres à la postmodernité a été, depuis le milieu des années 1980, supplantée par l'hypermodernité, du fait d'une prise de conscience anxiogène des graves problèmes de dérégulation socio-économique, sanitaire et environnementale...On passe de l'épanouissement de soi à l'obsession de soi (crainte de la maladie, de l'âge)...

     …. La disparition des repères et des structures d'encadrement traditionnel (État, religion, famille), ainsi que la toute-puissance de la société de marché, ont délivré la modernité de ce qui la freinait encore. Ainsi délestée de ses contre-poids, elle n'a désormais plus qu'à se moderniser elle-même, et s'élever alors à la puissance superlative : tout y devient "hyper". >>

    6) LA NOUVELLE SYSTÉMIQUE

    Je ne voudrais pas que vous me pensiez responsable de la rédaction des critiques précédentes. Je n'ai fait que copier des textes rédigés par d'autres car je suis un béotien en philosophie. C'est pourquoi je suis enclin à me rapprocher de personnages comme C. Lévi-Strauss qui sont plus scientifiques que philosophes. Grâce à lui je pense pouvoir ''accrocher'' les thèses de la physique des ondes à un courant philosophique que nous allons expliciter dans les chapitres qui vont suivre (toujours avec l'aide de Wikipédia).

    Nous avons vu qu'entre 1950 et 1970, C.Lévi-Strauss était considéré comme ''le Pape'' du mouvement structuraliste. A cette dernière date, ce mouvement d'idées pluridisciplinaires a été entraîné par les philosophes et s'est organisé en France autour d'un petit nombre de personnalités-phares comme Roland Barthes en littérature, Jacques Lacan en psychanalyse, Michel Foucault en philosophie, A.J.Greimas en linguistique. Lévi-Strauss n'a guère apprécié cela et a vivement critiqué, dans plusieurs entretiens et articles, ce qu'il considérait chez ces auteurs comme un formalisme abstrait de plus en plus marqué.

    Lévi-Strauss défend alors son territoire intellectuel et s'éloigne de Lacan, puis en 1970 de Barthes et de Greimas qui quitte le laboratoire d'anthropologie sociale.En effet, il n'acceptait plus les méthodes et les prises de positions de ces philosophes qui n’avaient plus rien à voir avec le caractère technique de ses recherches et qui, dans l’esprit du public comme auprès de la communauté savante, devenaient nuisible à la rigueur et à l’évaluation sereine de son travail ( c'était après Mai 1968 ).

    Tandis que le concept de structure dérive en France, se développent aux États-Unis plusieurs courants théoriques utilisant des méthodes, dans l'ensemble assez proches de celles du structuralisme français, mais plus tournées vers leurs applications pratiques et industrielles, et usant davantage du terme de système que de celui de structure.

     << À partir des années 1970, ces différents courants tendent à se rassembler en un mouvement qui va prendre le nom générique de systémique (parfois dite seconde systémique, par opposition à la systémique initiale plus statique), en intégrant deux nouveaux concepts : la communication et l’auto-organisation (ou autonomie du système). Ces deux concepts rejoignent une révolution scientifique plus vaste comprenant notamment les structures dissipatives d’énergie décrite par le prix Nobel Ilya Prigogine, la théorie du chaos, la théorie des catastrophes du mathématicien et philosophe René Thom, la « deuxième cybernétique » du psychiatre W. Ross Ashby (auto-organisation) et des biologistes Humberto Maturana et Francisco Varela (morphogenèse et autopoïèse). Ce mouvement général s'intéresse à l'étude des systèmes éloignés de leur point d’équilibre, et à la façon dont un nouvel équilibre peut émerger d'une telle situation. Le terme d'émergence apparaît pour désigner ces nouvelles théories de la forme, et les propriétés naissant de la réorganisation spontanée d'un système. En France, Joël de Rosnay a été parmi les premiers à populariser les grands thèmes de la cybernétique et à les appliquer à l’approche systémique de la complexité. >> Wikipédia

    Il serait bon que vous relisiez notre post-scriptum N°2 qui porte sur ''l'électron, les structures dissipatives de l'énergie''. Je l'ai écrite en Mai 2014 et suis très satisfait de n'avoir rien à corriger dans ce texte. J'ai depuis 3 ans beaucoup progressé dans la connaissance du ''fonctionnement'' des ondes et dans celle de leurs propriétés. Ceci me permet d'exprimer mes idées avec plus d'assurance.

    Mais si j'ai gagné en pertinence et en perspicacité, je constate que ma manière de rédiger actuelle est moins personnelle et que j'ai tendance à résumer, et même simplement à copier des paragraphes entiers de Wikipédia ( tellement bien écrit !). Pour l'instant, je reproduis ci-dessous le passage le plus important de mon texte du post-scriptum N°2.

    Ilya Prigogine, physicien et chimiste, a découvert que si l'on pousse une réaction chimique loin de l'équilibre, il se produit des phénomènes nouveaux et ''extraordinaires'' qui sont imprévisibles. A partir de ses expériences, il a pu établir en 1969, avec ses collaborateurs de l’École de Bruxelles, une théorie nouvelle. On peut la résumer ainsi : dans des systèmes traversés par des flux de matière et d'énergie, peuvent se produire des processus de structuration et d'organisation spontanée qui deviennent le siège de ce qu'il a appelé des ''structures dissipatives''.

     Ilya Prigogine et Isabelle Stengers dans « La nouvelle alliance » :

     « La thermodynamique des processus irréversibles a découvert que les flux qui traversent certains systèmes physico-chimiques et les éloignent de l’équilibre, peuvent nourrir des phénomènes d’auto-organisation spontanée, des ruptures de symétrie, des évolutions vers une complexité et une diversité croissantes. »

    Associer structure et dissipation semble curieux puisque cela revient à joindre ordre et désordre. C'est pourquoi cette théorie, bien qu'elle ai obtenu un prix Nobel, a été l'objet de nombreuses incompréhensions et discussions, même (et surtout) philosophiques. Jusque alors « la science classique considérait les phénomènes comme déterminés et réversibles, ce qui est en contradiction avec l'expérience courante. L'irréversibilité des phénomènes temporels caractéristique de la thermodynamique (non linéaire) a réconcilié la physique avec le sens commun, tout en faisant date dans l'histoire de la thermodynamique » (Wikipedia). Prigogine a donc contribué à une nouvelle conception plus réaliste de la science des échanges entre les ''structures physiques''.

    La deuxième systémique intègre deux concepts essentiels : la communication et l’auto-organisation. Ilya Prigogine a montré que la propriété d'auto-organisation existe dans tout le monde physique lorsqu'il s'agit d'un système ouvert, c'est à dire d'un milieu ou l'échange d'énergie est important (absorption jusqu'au déséquilibre, puis dissipation avec le phénomène d'auto-organisation). On voit bien que ce système ouvert est principalement la caractéristique de la matière vivante, de la cellule jusqu'aux êtres vivants, mais aussi de tous les organismes sociaux, les sociétés, les civilisations.

    Nous voici en route pour de nouvelles discussions philosophiques entre les émergentistes et les réductionnistes. Lorsqu'il est question de lois, en physique ou en chimie, les philosophes ne sont pas passionnés, mais si l'on tente d'extrapoler ces lois à la ''matière sociale'', ils se déchaînent en fonction de leurs propres concepts.

    De nouvelles définitions explicatives sont nécessaires. Je vais utiliser à nouveau les textes remarquables de Patrick Juignet que l'on trouve sur le site suivant :

    Le concept d'émergence. Philosophie, science et société [en ligne]. 2015.

     http://www.philosciences.com

     7) L'EMERGENTISME

    << En 1925, C.D. Broad, suivi en cela par un groupe de philosophes et biologistes britanniques, utilisa le concept d'émergence pour tenter de sortir du débat sur le vitalisme. La thèse mécaniste prétendait que la vie et les phénomènes biologiques pouvaient être expliqués entièrement par les lois physiques. La thèse vitaliste postulait l'existence de certaines forces comme "l'élan vital" ou "l'entéléchie". Broad s'accorde avec la théorie mécaniste pour admettre que les phénomènes de la vie proviennent uniquement d'entités matérielles, mais il suppose aussi qu'elles sont souvent irréductibles aux composants. Ceci permet de conserver le matérialisme tout en reconnaissant que les lois physiques ne suffisent pas à expliquer la vie. Selon Broad, une propriété émergente est entièrement due à la configuration adoptée par les constituants de niveau inférieur, mais elle n'y est pas réductible. Il serait impossible, même avec une connaissance complète et des capacités de calcul infinies, de prédire ces propriété à partir de celles des constituants du niveau inférieur. >>

     << Dans ces mêmes années, une réflexion sur le réductionnisme en physique mobilisa Franz Exner, Erwin Schrödinger et le mathématicien Émile Borel. En effet, l'apparition de la mécanique quantique et de la thermodynamique statistique pose, vis-à-vis de la mécanique classique, la question de savoir si les lois sont dérivables les unes des autres. Comme cela semble impossible, il s'ensuit que les lois quantiques et thermodynamiques pourraient être émergentes. Il faut aussi citer Karl Ludwig von Bertalanffy, biologiste à Vienne qui fut l'inventeur dans les années 1940 de la théorie générale des systèmes, et qui fit de l'« émergence » un cheval de bataille. Selon lui, l'une des caractéristiques propre à un système est son organisation spécifique. Pour étudier ce dernier, l'analyse des niveaux d'intégration inférieurs est nécessaire, mais insuffisante à elle seule. >>

     << À Los Alamos, après 1950, dans le groupe de recherche constitué pour fabriquer une bombe atomique, certains commencèrent à travailler sur les systèmes complexes, ce qui conduisit à parler d'émergence. Les premières simulations sur ordinateur permirent une sorte d'expérimentation à ce sujet. Ce courant a débuté par la théorie des automates auto-reproducteurs de Von Neumann (1950), puis des automates cellulaires. Ces recherches montrent que la complexité peut émerger de règles simples...L'émergence est revenue sur la scène intellectuelle par un biais inattendu, celui de l'étude des systèmes complexes en physique. >>

     << L'idée d'émergence a été reprise en 2005 par le physicien Robert Laughlin (Un univers différent, Fayard, Paris, 2005). Il soutient que les lois physiques résultent de comportements d'ensemble et sont relativement indépendantes de celles des entités sous-jacentes. A la suite d'expériences sur la mesure des constantes fondamentales de la physique, mesures obtenues à partir d'échantillons massifs, il en conclut que ces constantes sont la résultante d'un effet collectif. Il en tire un argument pour soutenir la thèse émergentiste : "La tâche centrale de la physique théorique de nos jours n'est plus de tenter de décrire les équations ultimes, mais bien plutôt de cataloguer et de comprendre les comportements émergents dans toutes leurs manifestations, y compris peut-être le phénomène de la vie." (LaughinR.B. , Pines D., "The theory of everything", Proceedings of the National Academy of Sciences, vol 97, n°1, 2000, p. 28). >>

    Tout le texte de Patrick Juignet (à lire absolument) est une explication remarquable du concept d'émergence. J'en cite encore quelques passages : << L'émergence désigne tout simplement le processus de formation de nouveaux degrés d'organisation et d'intégration...L'entité organisée n'est pas une illusion qui se dissipera sous les effets de l'analyse (ce qui est le credo réductionniste). Elle n'est pas non plus une apparence due à notre manière de voir....Dans cette perspective, l'organisation existante crée de nouvelles entités par la réorganisation des éléments préexistants. Ces entités possèdent des propriétés nouvelles. >>

     << Dans une conception positiviste de la hiérarchie des sciences l'étude de chaque niveau relève normalement d'une discipline particulière, avec ses lois et ses objets propres. Le réductionnisme, à l'inverse, refuse la spécialisation des disciplines associée à cette hiérarchie et défend un programme de réductions qui, à terme, doit conduire à l'unification des sciences au sein de la physique. Dans un premier temps, le programme réductionniste consiste à dériver les lois qui gouvernent un niveau de celles qui gouvernent le niveau immédiatement inférieur et, d'autre part, à identifier les types d'objets décrits à ces deux niveaux différents. Le but ultime du programme réductionniste est alors de montrer que la totalité de la science peut être dérivée des lois qui gouvernent la science fondamentale – la physique subatomique – ainsi que des lois de correspondance qui énoncent les identités entre les objets d'un certain niveau et les structures physiques fondamentales. >>

    Patrick Juignet, sur le site dont nous avons parlé, démontre que le réductionnisme n'est pas incompatible avec l'émergentisme :

     << L'émergentisme se définit contre le réductionnisme. Ce dernier est un concept double qui a pour principe la recherche du simple, mais qui lui associe un corollaire excessif, qui est d'éliminer le complexe. Débarrassé de son excès éliminativiste, il devient conciliable avec l'émergentisme.

    *Concernant la théorie, les lois et les modèles : il y des lois spécifiques qui sont compatibles avec les lois physiques.

    *Concernant les niveaux d'organisation dans le monde : les niveaux émergent par filiations et s'interpénètrent.

    *Concernant la méthode : pour le réductionniste la méthode est analytique, pour l'émergentiste la bonne méthode est holistique et synthétique. Mais les deux sont à utiliser à des degrés divers.

    *Concernant les faits : pour les réductionnistes les faits compliqués sont inacceptables et à bannir de l'approche scientifique. Pour les émergentistes les faits sont toujours complexes. Hors conflit le degré de simplification des faits dépend de l'objet d'étude...

     ... On peut dire qu'il y a émergence chaque fois qu'un degré d'organisation-intégration de complexité supérieure apparaît. L'émergence implique une ontologie pluraliste. Elle renvoie à un monde pluriel, en évolution, dans lequel de nouvelles formes d'existence peuvent apparaître. >>

     8) PHYSIQUE DES ONDES ET PHILOSOPHIE

     Nous recherchons une philosophie axée sur l'évolution d'une structure biologique, tenant compte des structures de base de ses composants (réductionniste) et, dans le même temps, capable d'acquérir un nouveau degré d'organisation sous l’effet d'un rééquilibrage d'origine collectif (émergentiste). Reportez vous au chapitre N°3 de cette rubrique dans lequel nous comparons la ''cascade'' des structures biologiques (de l'électron à l' être humain... et +) à des poupées russes. C'est une faible comparaison car, en fait, à chaque ''transformation'' la structure change en se complexifiant. Ce sont ces niveaux successifs de structuration que C. Lévi-Strauss a étendu au groupe d'individu, sociétés, civilisations. Il est parti pour cela du langage humain. Ce niveau, à la base de l'intelligence est déjà élevé dans la hiérarchie, mais la méthode ''structurale'' qu'il a employé a été généralisée ensuite par les néo-systémistes. J'adhère à cette méthode et à ces idées.

    C'est donc bien Claude Lévi-Strauss que nous choisissons comme guide. Il sera le philosophe de la physique des ondes. Notre approche personnelle est donc globalement positiviste, structuraliste, systémique, holiste, à la fois émergentiste et réductionniste. A cela il faut ajouter le concept de moniste que nous allons expliciter ci-dessous.

    9) LE MONISME

     En philosophie, le monisme est un système de pensée et une doctrine défendant la thèse selon laquelle tout ce qui existe, (l'univers, le cosmos, notre monde) est essentiellement constitué d'une seule substance qui est soit la matière (matérialisme), soit l'esprit (spiritualisme). Le monisme s'oppose à toutes les philosophies dualistes, platonicienne et cartésienne, qui séparent le monde matériel ou physique du monde psychique ou spirituel. Ainsi, le monisme s'oppose au dualisme platonicien ou cartésien. Pour le dualisme au contraire les deux entités, matière et esprit coexistent et sont irréductibles l'une à l'autre.

    La position de la physique des ondes est un peu particulière, elle a pour base principale une conception moniste qui est celle de la substance de l'espace (S.E.) (voir le chapitre N°2 du blog). On ne peut qu'imaginer l'existence de cette substance, mais celle-ci est obligatoire pour la conduction des ondes qui, selon la thèse de J.J. Mikalef sont faites de cette substance et circulent dans celle-ci. On ne peut pas être plus moniste. Mais, au départ, on ne peut considérer les ondes qui y circulent ni comme de la matière ni comme de l'esprit. Le rôle de l'électron est alors essentiel ( chapitre N°4).

    Dans notre physique des ondes nous avons vu que, pour l'électron particule élémentaire, c'est l'onde transversale dite ''de structure'' qui donne à l'onde énergétique (c'est la même), en la faisant tourner (spin), sa cohérence et sa forme. L'électron est donc le premier élément organisé qui réunit en un tout cohérent une énergie polarisée et un début de structure. Peut-on dire que c'est réellement de la ''matière'' ? A cette échelle, il serait plus prudent d'employer un terme mis à la mode récemment, celui d'hologramme. Je vous recommande, au sujet des différences d'échelle, de relire la rubrique N°5 du blog ''Les dimensions de notre monde'' qui place l'électron quantique à l'échelle limite de notre compréhension, celle de 10 puissance moins 34 mètres, plus loin que ce que l'on appelle les confins de notre univers (15 milliards d'années lumière, soit 141 x 10 puissance plus 24 mètres).

    Nous savons que l'électron est essentiellement énergétique et que la structure de l'atome réside dans son noyau, dans l'assemblage de ses nucléons qui sont faits de ''brochettes'' d'électrons et de positrons. La structure physique de la véritable matière se révèle donc à l'échelle de l'atome qui est celui de l'angström (10 puissance moins 10 mètres) par ses propriétés chimiques qui sont essentiellement énergétiques et par ses propriétés physiques, essentiellement structurales, les deux sont évidemment liées comme le sont les ondes de l'électron. Les lois qui régissent le fonctionnement de tout l'ensemble, structure comprise, sont celles des ondes. Citons les plus importantes : Mises en liaison par interférence, par mise en résonance, attractive ou répulsive suivant leur polarité. Proportionnalité de la charge à la fréquence et de la puissance au nombre de masses élémentaires et à l'accélération. Recherche de l'équilibre du système et de son énergie minimum. Phénomène spécial de résonance en cavité. Puissance des ondes stationnaires.

    Ces lois des ondes restent les mêmes à toutes les échelles structurales, molécules, cellules vivantes, organes, êtres, etc., mais ce sont les mêmes structures initiales qui se complexifient à chacun de leur saut, à chaque changement d'échelle. Nous avons vu à la rubrique N°16 que l'apport de ''l'intelligence'' (langage génétique et logiciel) par les virus a pu transformer des molécules de composés organiques (matière minérale), en matière vivantes par endosymbiose pour former les bio-molécules et les bio-cellules. Cette symbiose est aussi une interférence d'ondes, d'ondes de la substance de l'espace (S.E.). On reste donc toujours dans le monisme. Question langage, le numérique est simple ( 0 ou1, courant passe ou passe pas), le génétique est plus compliqué mais reste accessible à sa réalisation par les ondes. Reste le problème de la conception du logiciel du vivant. L'esprit et la matière peuvent-ils être de ''même substance'' ? La physique des ondes peut-elle aider à la solution du problème ? Cela rejoint le problème encore plus profond que nous avons déjà posé '' pourquoi existe-il quelque chose (la S.E.) plutôt que rien'' ?

    10) CONCLUSION

    La conclusion de cette rubrique sera brève. Pour tenter de donner une solution aux problèmes que nous venons de poser, il nous faut encore beaucoup réfléchir. Je pense que le dernier problème (quelque chose plutôt que rien) est sans solution scientifique car il paraît ne pas pouvoir être résolu par un être vivant, celui-ci ne pouvant s'abstraire de la (S.E). Mais le problème que je pose maintenant est le suivant : serait-il possible que le monisme soit une réalité, et que le monde du psychisme et du spirituel soit également ''porté'' par des ondes circulant dans la (S.E) ? Faut-il nécessairement attendre la mort pour le savoir ? Est-il raisonnable de faire des recherches dans ce domaine si délicat, encombré par toutes sortes de dérives pseudo-scientifiques ou de possibilités de divagation, j'en cite quelques unes : dérives sectaires, spirites, ésotériques, astrales, magnétique, etc.etc.

    Dans notre prochaine rubrique, j'espère demeurer sérieux, tout en énonçant quelques hypothèses possibles. Mais nous commencerons par l'étude des idées de deux personnages qui peuvent nous éclairer, Baruch Spinoza (1632-1677) et Pierre Theilhard de Chardin (1881-1955). Nous ne risquons rien avec eux.

    POST-SCRIPTUM

    J'ai trouvé sur le site https://fr.wikipedia.org/wiki/Monisme le texte suivant que je trouve personnellement ''amusant'' et en plus très instructif :

     << Il est possible de voir un lien entre le monisme et la théorie des cordes. Cette dernière essaie de fournir une description de la gravité quantique, c’est-à-dire de l’unification de la mécanique quantique et de la théorie de la relativité générale. La principale particularité de la théorie des cordes est que son ambition ne s’arrête pas à cette réconciliation, mais qu’elle prétend réussir à unifier les quatre interactions élémentaires connues, on parle de théorie du tout.

    Dans la théorie des cordes, les briques fondamentales de l’Univers ne seraient pas des particules ponctuelles mais des sortes de cordelettes vibrantes possédant une tension, à la manière d’un élastique. Ce que nous percevons comme des particules de caractéristiques distinctes (masse, charge électrique, etc.) ne seraient que des cordes vibrant différemment. Les différents types de cordes, vibrant à des fréquences différentes, seraient ainsi à l’origine de toutes les particules élémentaires de notre Univers.

    Or, selon le monisme tout ce qui existe est essentiellement un tout unique, donc notamment constitué d'une seule substance. Ainsi, la thèse du monisme et de la théorie des cordes se rejoignent. >>

    (C'est moi qui ai souligné en gras) (La ressemblance est étrange avec notre physique des ondes)